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L’Histoire du café [ Partie 1 ]

par | Jan 2, 2023 | Café | 0 commentaires

En 2018, Nielsen Scantrack dans LSA-Conso estimaient à 197 484 tonnes la quantité de café vendue en grande distribution en France représentant un montant total de 2 794 millions d’euros. Rien de surprenant quand on sait que de 2012 à 2019, les cafés solubles et torréfiés ont connu une augmentation colossale de la demande (aux alentours de 34%). En effet, en 2019, 261 références étaient proposées dans les rayons, pour la plus grande joie des amateurs. Ainsi, le café, après avoir trôné dans les pauses travail, revêt une importance de plus en plus forte dans le budget des foyers, quelques soient leurs âges. Mais pour bien comprendre le succès de ce breuvage, il faut revenir quelques siècles auparavant et découvrir les débuts de l’histoire du café dans le monde !

Pour comprendre l’histoire du café, revenons à son origine

Il y a deux théories sur l’origine du café.

La première est une légende se passant en 850 ans après Jésus-Christ. Un jeune berger d’Abyssinie (actuelle Ethiopie) faisait paître ses chèvres lorsqu’il aurait constaté chez elles un état plus agité qu’à l’ordinaire après avoir mangé des fruits d’un arbuste. Intrigué, il se décida donc à en consommer lui-même. Il aurait été ainsi le premier homme à découvrir les propriétés énergisantes de la caféine.

Là encore la théorie se divise. Dans un premier cas, vivant dans une communauté soufie, il partagea avec eux cette découverte. Ils ramassèrent les cerises (c’est ainsi qu’on appelle le fruit du café) des plants du caféier arabica et en firent une décoction dans de l’eau. Ils se servaient de cette boisson notamment avant les prières, afin de rester éveillé et concentré.

Dans un second cas, il aurait partagé sa découverte en amenant une branche de cet arbuste à un moine. Ce dernier aurait eu l’idée de faire bouillir les grains afin d’obtenir une potion pour rester éveillé les nuits de prière. Dans les deux cas, le début reste ce berger et la finalité : rester éveillé pour la prière !

Enfin, la seconde théorie situerait son origine au Yemen où les premiers caféiers sauvages sont originaires.

Pour autant, la science ne semble donner raison ni à la première théorie ni à la seconde. Des fouilles ont ainsi montré que des préparations à base de café faisaient déjà parti de l’alimentation des peuples de cette région dès la Préhistoire. En revanche, le café arabica serait bien originaire d’Ethiopie.

Le mot café lui-même fait polémique. Certains pensent qu’il provient de l’arabe « qahwah  » : revigorant, en arabe. D’autres soutiennent que son étymologie provient de « Kaffa », le nom de la province d’Ethiopie où il aurait été découvert.

L’essor du café dans la sphère musulmane

La première trace écrite mentionnant le café date du 9ème siècle et se trouve dans un registre médical. Avicenne, philosophe et médecin perse, le citera dans le « Canon de la Médecine » au 11ème siècle. Ses effets digestifs et énergisants y sont ainsi mentionnés.

Pour autant, que le café soit originaire de l’Ethiopie ou du Yemen, son expansion provient bien de cette dernière région. A cette époque, l’empire Ottoman, avec Soliman le Magnifique, régnait sur une grande partie de l’Europe centrale et du Moyen Orient. Le peuple ottoman avait adopté le café dans leurs habitudes de consommation. Ils connaissaient les secrets de la culture du café et de sa torréfaction. De ce fait, ils ont répandu cette boisson dans les pays annexés, le faisant dépasser les frontières de l’Ethiopie et du Yemen. Ainsi, le commerce du café va se créer et se développer à Moka (de l’arabe المخا, al-Mukha), un port important du Yemen. Jusqu’au XVIIIème siècle, il restera le premier port exportateur de café. Les amateurs de café auront sûrement réagi. En effet, ils auront reconnu une partie du nom de notre café en grains, le Moka Sidano.

Nous voyons ici la région du Yemen, avec le port de Mocha (Moka) principal port d'exportation de café
La région du Yemen d’où est originaire le café et son principal port d’exportation Mocha (Moka)

Les pèlerinages en direction de la Mecque et partager la même culture islamique facilitèrent l’essor du café dans ces différents pays. En effet, les pèlerinages nécessitaient de l’énergie, les chemins étaient longs, le café était donc fortement apprécié pour lutter contre la fatigue.

L’histoire du café parsemée de censures musulmanes

L’engouement pour le café ne cesse d’augmenter : en 1475, à Constantinople (actuellement Istanbul, ancienne capitale de l’Empire Byzantin et, à cette époque, capitale de l’Empire Ottomans), le premier café physique, le Kiva Han ouvre ses portes. Une loi turque de l’époque précise même qu’une femme a le droit de divorcer de son époux si celui-ci de lui donne pas une dose quotidienne de café.

Pourtant, malgré la popularité forte du café, les effets de ce dernier sont si forts que certains vont se questionner sur la compatibilité avec le Coran. C’est notamment le cas du pacha Khair Bey qui, le 20 juin 1511, remarque à la Mecque un groupe d’homme buvant du café et constate les effets sur leur comportement. Des débats vont alors se tenir, le café est-il une drogue ou non ? Cette question reviendra régulièrement dans l’histoire du café.

Soutenant le fait que le Coran interdit toute forme d’intoxication, ce pacha fait fermer tous les cafés de la Mecque en 1511, appuyé par les imams orthodoxes et conservateurs. Ceux du Caire feront de même en interdisant ce produit en 1532. Cependant, le café était si populaire auprès de la population et des intellectuels que ces derniers firent un lobby. Des révoltes se déclenchent en Egypte, poussant les autorités à annuler cette interdiction. Le Sultan du Caire dut s’appuyer sur des expertises médicales pour affirmer que boire du café ne venaient pas à l’encontre du respect des lois édictées par Allah.

Cette popularité s’explique aussi par le caractère social, le café est un vecteur de cohésion populaire. Les habitants venaient y boire un café pour bavarder, échanger des idées. Cela permettait à des gens du peuple de côtoyer des intellectuels.

Par la suite, en Syrie, cette interdiction fut aussi imposée par les autorités. Pour autant, les intellectuels, scientifiques, lettrés et savants de l’époque faisaient fi de cette dernière. La raison religieuse était souvent abordée pour cacher l’inquiétude grandissante de ces lieux d’échange intellectuel. Les autorités ne voulaient pas que sous prétexte de boire un café, des mouvements contestataires se développent, basés sur des partages de pensées et de réflexion. Qui plus est, le café avait tendance à rendre un peu trop énergiques les savants, les poussant parfois à avancer des doutes ou s’emporter contre le pouvoir établir. Toutefois, le café continua de se développer.

Vers les années 1630, on dénombre plus d’un millier de cafés physique en Egypte, on proposait cette boisson dans toutes les grandes villes de l’époque : Badgad, Damas, Istanbul et ainsi de suite.

L’arrivée du café en Europe

De l’exportation du grain de café…

Les années 1600 voient les débuts du commerce mondial. De plus en plus d’échanges commerciaux sont faits entre les pays de culture et religion différentes. Le bassin méditerranéen est un terrain propice pour les marchands. Les deux gros centres commerciaux de la Méditerranée sont Venise et Gênes. Il y a une domination italienne très forte dans le domaine marchand. C’est donc sans surprise que les premiers importateurs de café en Europe sont d’origine italienne et plus précisément vénitienne. Ces derniers avaient déjà établi des échanges commerciaux avec les pays orientaux pour le commerce d’épices. La popularité du café dans la sphère arabe les a motivés à faire tester ce breuvage énergisant en Europe. Les premiers grains mettent enfin pied en Italie, l’histoire du café en Europe peut enfin s’écrire.

Là encore, les moines furent les premiers à apprécier ce breuvage. Ils avaient les mêmes besoins que les religieux des pays islamiques : rester éveillé dans la prière. Les commerçants vont aussi prendre l’habitude d’en consommer, luttant ainsi contre la fatigue mentale de longues journées de travail. De plus, cela favorise les lieux de rencontre pour créer des partenariats commerciaux. D’abord réservé à une « élite », le café va enfin arriver dans le peuple. Comme d’habitude, on va fortement l’apprécier pour ses propriétés énergisantes.

Pour autant, l’entourage du Pape, Clément VIII, lui recommandent d’interdire là encore cette boisson. La raison était cette fois politique : les grains provenaient de pays musulmans, les cardinaux voyaient donc cela d’un mauvais œil. L’histoire du café s’inscrivait ainsi dans l’historique des tensions religieuses entre deux sphères. Cependant, le pape décida d’y goûter et aurait déclaré qu’ « il aurait été dommage de laisser un tel plaisir aux seuls infidèles« .

…à sa production en Europe et dans le monde !

A l’époque, les ottomans ébouillantaient leurs grains pour les empêcher de germer. Ils vendaient donc des grains non aptes à la plantation. De plus, les musulmans avaient interdit l’exportation de plants et de graines non torréfiées de café. Vu l’ampleur de son succès, ils voulaient absolument garder la main mise sur la production. D’autres producteurs auraient réduit leurs recettes liées à son exportation. Cependant, des hollandais, guidés par le capitaine marchand Pieter Van der Broecke, réussirent l’exploit de se procurer des graines intactes. Grâce à ces graines, des plantations de cafés ont été créées dans d’autres régions non productrices initialement. Il s’agit de l’Europe, de l’Asie et des Antilles.

Pour autant, les Européens n’étaient pas les seuls à convoiter ces graines. Bada Budan, un pèlerin musulman arriva en 1650 à voler sept plantes qu’il ramènera en Inde. Il les plantera à Mysore qui est une région ,aujourd’hui encore, connue pour ses plants de cafés.

Ainsi, au fil des siècles, l’histoire du café, déjà produit phare dans les sphères islamiques, va s’inscrire dans les autres régions du monde. Pour autant, nous sommes encore loin du succès retentissant qu’il connaîtra. Alors que s’est-il passé par la suite ? Pourquoi quand nous parlons de café nous pensons très souvent en premier aux plantations en Amérique centrale et latine ? Le second volet de l’histoire du café sera donc consacré à son développement en Europe et dans le Nouveau Monde.

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